Promenade sous la pluie [PV Viper]

Date d'inscription : 27/11/2011 Messages : 17

Tu es une eau informe qui coule selon la pente qu'on lui offre, un poisson sans mémoire et sans réflexion qui tant qu'il vivra dans son aquarium se heurtera cent fois par jour contre le vitrage qu'il continuera à prendre pour de l'eau.

A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann (1913) Marcel Proust

Strange se ballade dans les rues de la ville, à la dérive. Comme un bout de bois laissé au bras de la rivière et qui ballote au grès du courant. Il flâne en essayant de ne pas tenir compte des bruissements des pensées qu’il entend. Il aimerait bien entendre les animaux, plutôt. Mais qui sais, peut être les entends il sans s’en rendre compte ? Mais il en doute. Mais il est quasiment sûr que leurs réflexions sont plus instructives que celle de ses congénères. Car il entend souvent le même refrain « Je vais le/la tuer ! » ; « Je le/la/les déteste ! » ; « C’est l’amour de ma vie » … C’est lassant. Surtout quand tout est emmêlé, enchevêtré et qu’il ne distingue qu’un brouhaha informe d’où certains mots fusent comme un éclat de voix.

Le ciel a viré du bleu amer au gris froid et en quelque secondes un déluge s’abat sur la place. Quelques minutes à peine suffisent à tremper entièrement Julien. Il lève les yeux vers le ciel. On pourrait croire que toute l’eau des nuages a décidé de s’abattre en même temps, au même endroit. Bientôt la place n’est plus qu’une vaste pataugeoire et les oiseaux et autres volatiles qui se doraient au soleil il n’y a pas plus de dix minutes sont maintenant serrés en rang presque militaires dans les buissons alentours. Ils grelottent de froid les uns contrent les autres, trempés jusqu’aux os, certes mais trempés ensembles.

Il se hâte, vers le premier bâtiment visible et qui lui semble accueillant : l’aquarium. Il entre et s’ébroue, secouant ses cheveux blonds et essorant ce qui peut être essoré, une falque se forme bientôt à ses pieds. Il ose un regard à travers la vitre ; dehors, ça vire à la piscine olympique. Il en a pour au moins deux bonnes heures. Il se dirige vers l’accueil et paye son billet puis s’engouffre dans le dédale d’aquariums. C’est surement le bâtiment le plus remplis d’eau, avec les châteaux d’eau, évidement. Quoique la place doit maintenant bien les concurrencer. Il parcourt les allées, de long en large, observant les poissons colorés, lumineux, camouflés. Des vitres géantes pour observer les plus grands poissons, les requins et les tortues. Les hippocampes, les étoiles de mer, les anémones, les crustacés, les méduses …

Puis il revient vers le début, une grande baie vitrées, avec une magnifique vue sur le corail et des requins de petite taille. Il y a des sièges et des genres de fauteuils d’une couleur d’un autre temps.
Strange s’assoit en regardant loin dans l’eau. Comment une si petite paroie peut supporter autant d’eau et autant d’animaux ? C’est quand même fascinant. Il s’allonge, profite du presque calme… il n’entend presque pas de murmures. Il attend, il patiente. Pas que la pluie passe …
Il ne sait pas ce qu’il attend.
Il ne sait pas ce qui l'attend.

Date d'inscription : 25/11/2011 Messages : 6

Viper regarda sèchement le ciel qui virait au gris. Il allait pas lui gâcher son plaisir celui là ! Qu'on lui explique COMMENT elle pourrait parfaire son bronzage (déjà sublime, bien sur, mais quand même) si cet emmerdeur persistait à se voiler ? Et puis, qui disait atmosphère pluvieuse disait cheveux qui frisent, et ça, ça n'allais pas le faire. Du tout. Elle avait passer plus d'une heure dans la salle de bain le matin même, s'était lavé les cheveux et avait fait un brushing. Comme tout les matins, en somme. Mais ça n'était pas une raison. Enfin, tant que le temps restait comme ça, il n'y avait pas trop de raison de...
La pluie se mit soudain à tomber si fortement qu'on n'y voyait pas le bout de son nez. Et bien sur Viper n'avait pas de parapluie, car tout le monde sait qu'un parapluie est l'accessoire anti-mode de l'automne-hiver 2011/12. Hello ! Bref, elle chercha des yeux un endroit où s’abriter, un endroit cool et branché de préférence, elle avait une réputation à préserver tout de même ! Malheureusement, ses pas l'avaient conduits tout droit dans l'endroit le plus paumé du monde, et il n'y avait rien dans le coin. A part un espèce de grand bâtiment que la jeune fille n'avait jamais vu et qui affichait "AQUARIUM" en grand. Bon, ça ferait l'affaire... De toute façon, elle n'avait pas trop le choix : si elle restait une seconde de plus, son maquillage n'allait plus tenir le choc. Elle se précipita donc en courant vers son abri, puis s’arrêta de courir quelques mètre avant la porte, afin de franchir celle-ci d'un pas conquérant, tout en classe et en grâce, avant de remettre ses cheveux trempés en ordre d'un geste nonchalant de la main. La classe, on l'a ou on ne l'a pas !
Il régnait dans l'aquarium un silence des plus... silencieux. C'était beaucoup trop calme, où sont les bavardages sur la mode et la musique à la mode ?! Viper poussa un soupir en secouant la tête : cet endroit était complétement déprimant. Comme elle était coincée ici le temps que l'orage se calme, elle décida néanmoins de faire le tour du propriétaire. Elle allait entrer dans une espèce de grande salle quand une femme bondit de derrière un bureau et l'agressa :
-Excusez moi, mademoiselle, vous devez payer un billet !
Viper la détailla de haut en bas. Environ 25 ans, assez petite, cheveux châtains ternes, lunettes cachant à moitié ses petits yeux d'un marron des plus banal... Elle portait un vieux jean usé datant à première vue d'an moins trois mois, et un tee shirt rose dépassait un peu de sous son simple pull vert : bref, une catastrophe vestimentaire. Viper poussa un deuxième soupir :
-Veuillez me pardonner, il me semble que je vous fait l'honneur d'illuminer par ma présence votre petite boutique pitoyable, donc je vous conseillerais de me laisser passer, et de vite aller changer de tenue.
La catastrophe eu l'air choqué pendant une seconde, puis se reprit.
-Mademoiselle, sa voix s'était durcie et elle n'avais plus l'air aimable du tout., si vous ne payez pas un billet je me verrais dans l'obligation d'appeler la sécurité pour qu'ils vous fassent sortir.
Viper glissa un coup d’œil vers les fenêtres et constata que l'orage battait toujours son plein. Elle retint un troisième soupir (car trop soupirer donne des rides), et fouilla dans son sac à main Vuitton, puis dans son porte-monnaie Chanel avant de tendre négligemment un billet à la catastrophe.
Enfin, elle avait pu entrer. Un simple coup d’œil à l'intérieur lui prouva que les prochaines heures n'allaient pas être des plus amusantes, et elle commençais à désespérer de passer une bonne journée, quand elle aperçut au loin une tête familière. Voyons, voyons... Viper avait une excellente mémoire, elle pu donc facilement replacer le jeune homme. Il s'agissait d'un garçon de l'école. Il s'appelait... Strange ! Strange, quel nom étrange ! Elle rit mentalement à sa propre blague, et s’approcha discrètement du garçon. Il lui semblait que ce dernier lisait dans les pensée... Elle n'allait peut être pas tant s'ennuyer que ça, au final. Elle se plaça à quelques mètres du garçon.
"BONJOUR !" pensa t elle de toutes ses forces.

Date d'inscription : 27/11/2011 Messages : 17

C’est un comble. Pour échapper au chutes d’eau incroyable qu’il y a dehors il se réfugie dans un endroit qui à pour rôle premier d’en contenir. Strange sourit à cette pensée. Il aime bien ce paradoxe. Se protéger de l’eau par un plus grand volume d’eau. Il restait allongé sur les sièges, scrutant le plafond, plongé dans une réflexion. Les pensés des employés très distante formaient un brouhaha doux, inaudible presque, bien différent de l’habitude. Il est si bien, si détendu, bercé par le calme et la lumière tamisée des bassins. Le léger clapotis de l’eau qui tombe dehors est encore audible. Mais tellement étouffé. Juste une musique.

Ses yeux se ferment, doucement. L’image des poissons dessinés au plafond se brouille et laisse place à un noir profond. Strange y flotte. La seule chose qui le relie encore au monde réel c’est le son. Le bruit lointain de l’eau et des pensées des gens. Son cerveau ne tarde pas à les transformes en musique. Il identifie chaque son à une note. Bientôt, ça n’est plus un brouhaha mais une petite symphonie rythmée qui traverse ses tympans. Les mains derrière la tête, son pied bat la mesure discrètement. Puis sans trop s’en rendre compte, Julien sombre dans un demi-sommeil.

Une heure se passe, facilement, l’aquarium reste vide. Le bruit des moteurs qui brassent et nettoie l’eau en permanence, le jeune homme ne l’entend plus. Enfin, c’est devenu une partie du bruit ambiant, un bout de paysage. Puis le tout s’arrête, une autre personne entre dans l’aquarium. Il l’entend, de loin, de nouvelles pensées s’ajoutent à celles déjà présentes. Elle bouleverse complètement la symphonie qui se jouait jusque là. Strange stoppe tout. Mais reste immobile, les yeux clos. Il attend de voir s’il peut reprendre ce concert improvisé. Il attend d’entendre surtout. Et il attend aussi pour savoir si la personne va venir le déranger.

Il se passe un certain temps avant que la personne arrive jusque là. Assez de temps pour que Julien se rendorme. Que petit à petit il sombre dans un sommeil léger. Puis des pas se font entendre. Strange ne prend pas la peine de se lever pour voir ce qu’il se passe. Surement que la personne l’ignorera. Il s’avéra qu’en fait non. Il s’aperçut même que la dite personne s’approchait de lui à pas feutrés. Le garçon allait ouvrir les yeux lorsqu’une voix forte surgit, se portant au dessus de toutes les pensées et le faisant sursauter. Une voix féminine, enjouée.

Strange ouvrit les yeux lentement, le plantant sur la nouvelle venue. Une jeune fille de l’école surement … En fait il n’en savait trop rien. Son visage et ses cheveux bruns lui disaient bien quelque chose. Mais il ne se rappelait pas de son nom. Tout du moins, son pseudonyme.

« Euh. Bonjour, oui. »

Strange se redresse lentement, jusqu’a être à califourchon sur l’espèce de banc sans dossier. Puis il tourne de nouveau la tête vers la fille en question. Affaires de marque, sac de marque et compagnie. Le genre de personne très à cheval sur la mode et qui à qui plus est un budget conséquent vu le prix de toutes ces affaires. Si elle se mettait à s’intéresser à ses fringues à lui il était clair qu’elle se dirait qu’il était irrécupérable.

Apres un silence un peu pesant pendant lequel Julien avait détaillé la jeune fille du regard il reprit d’une voix calme et posée.

« Hm. Désolé de te demander ça, mais je ne me souviens absolument pas de ton nom. Il me semble que tu es à Goodman, non ? Aurais-tu la gentillesse de me rafraichir la mémoire en te prése[/color]ntant ? »